Présentation d'Al Nawraj par Fouad Abou Nader
Le mardi 31 janvier 2017, Fouad Abou Nader nous a fait l'honneur de sa présence à Paris lors d'une conférence organisée par SOS Chrétiens d'Orient au cours de laquelle il a présenté l'action de son organisation, Al Nawraj, et adressé quelques messages aux chrétiens de France.
En introduction de cette présentation, Charles de Meyer a rappelé la nécessité de l'action de SOS Chrétiens d'Orient au Liban, refuge historique de la chrétienté orientale, meurtri par les guerres et constamment menacé par les vagues incessantes de réfugiés.
Le docteur Fouad Abou Nader a salué l'engagement des chrétiens français au Liban. Les Libanais, a-t-il expliqué, se sont longtemps senti abandonnés et trahis par l'Occident, la présence fraternelle des volontaires de SOS Chrétiens d'Orient leur redonne espoir qu'il puisse exister encore un peu de solidarité entre chrétiens. En effet, les autres associations, même chrétiennes, présentes au Liban n'aident que les réfugiés, se désintéressant totalement de leurs hôtes qui n'ont déjà pas les moyens et les infrastructures pour subvenir à leurs propres besoins.
Pour le Moyen Orient en général, le Liban est un phare et un refuge pour les chrétiens minoritaires et menacés dans leurs pays. Seuls les chrétiens vivent avec toutes les autres communautés et sont en cela le ciment du pays. C'est pourquoi ils ont un rôle primordial à jouer dans la reconstruction du Moyen Orient et que l'ONU se tourne vers eux pour trouver un modèle à la résolution des conflits.
Cependant, a-t-il ajouté, les zones frontalières sont la cible d'attentats islamistes, comme ceux de Qaa, le 27 juin 2016, qui a fait 38 victimes. En d'autres endroits, ce sont les réfugiés, surnuméraires, qui ont pris les policiers en otage et le contrôle du village. Les chrétiens ont peur du retour d'une situation semblable à celle de 1975, et certains songent au départ, définitif. C'est dans ce contexte qu'intervient Al-Nawraj.
Le but d'Al-Nawraj est de préserver et consolider la présence et le rôle des chrétiens du Liban en les aidant et ancrant sur leurs terres. Elle agit en coopération et avec le soutien de l'armée (il est important de souligner qu'il ne s'agit pas d'une milice).
Cette organisation repose sur quatre piliers :
* sécuritaire, en partenariat avec l'armée (dispositifs de surveillance, de connexion entre les villages)
* politique
* social
* développement des infrastructures
à quoi s'ajoute un cinquième : la dimension régionale, en collaboration avec les chrétiens de Syrie et d'Irak, pour stabiliser les flux migratoires de la région et renforcer la solidarité entre chrétiens.
Tout cela est mis en œuvre pour, à court terme, stopper l'exode des chrétiens de leurs villages, et, à moyen terme, inverser les logiques migratoires. L'important, a insisté Fouad Abou Nader, est de rendre aux chrétiens leur cause, leur mission sur leurs propres terres, à l'inverse de ceux qui prônent le déracinement.
Heureusement, les Libanais ont "la tête dure" et un attachement profond à leur identité, ce que le docteur Fouad Abou Nader a regretté de ne plus trouver en France. Il s'est dit désolé de nous voir nous écraser, cacher presque honteusement nos traditions, foi, identité par souci du politiquement correct, pour faire place aux autres, prenant comme exemple, parmi tant d'autres, le remplacement général du "joyeux Noël" par "bonnes fêtes". C'était là un de ses messages pour les chrétiens de France : garder la tête haute et la foi enracinée : "N'ayez pas peur" (Jn 6-20), la foi peut faire bouger des montagnes.
Par ailleurs, nul flux migratoire n'est irréversible, les Libanais l'ont prouvé : les Palestiniens ont voulu les chasser de leur propre terre, les jeter à la mer en disant "La route de Jérusalem passe par Jounieh."... ce sont eux qui ont été débarqués de force en bateau !
Comment aider les chrétiens du Liban, et d'Orient en général ?
* Tout d'abord par la prière. Charles de Meyer a rappelé ce que tous les volontaires savent : encore plus que l'aide matérielle, c'est le fait de savoir que des milliers de familles chrétiennes prient pour eux en France qui rend espoir, et réchauffe le cœur de ceux qui souffrent de la misère et/ou de l'exil. Prier seul, en famille, entre amis, en paroisse... mais prier.
* Par les dons et/ou la levée de fonds, en faveur de toutes les associations d'aide aux chrétiens du Liban, qui s'entraident et collaborent sur place (Fouad Abou Nader et Charles de Meyer ont notamment salué l'action de la Fondation Sacy).
* En en parlant, pour que la situation soit connue, en en parlant aux curés, aux maires, en organisant des conférences, en témoignant.